Marcel Proust « Du côté de chez Swann »

Publié le par bigoudene46

« La trouvaille du romancier a été d’avoir l’idée de remplacer ces parties impénétrables de l’âme par une quantité égale de parties immatérielles, c’est à dire que notre âme peut s’assimiler. Qu’importe dès lors que les actions, les émotions de ces êtres d’un nouveau genre nous apparaissent comme vraies, puisque nous les avons fait nôtres, puisque c’est en nous qu’elles se produisent, qu’elles tiennent sous leur dépendances, tandis que nous tournons fiévreusement les pages du livre, la rapidité de notre respiration et l’intensité de notre regard. Et une fois que le romancier nous a mis dans cet état, où comme dans tous les états purement intérieurs, toute émotion est découplée, où son livre va nous troubler à la façon d’un rêve mais d’un rêve plus clair que ceux que nous avons en dormant et dont le  souvenir durera davantage, alors, voici qu’il déchaîne en nous pendant une heure tous les bonheurs et tous les malheurs possibles dons nous mettrions dans la vie des années à connaître quelques uns. »

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