Mariano Otero... La grâce du trait... MBA Vannes
Autant vous le dire d'emblée : J'ai adoré cette exposition si pleine de grâce et de douceur. On est baignés (avec les baigneuses, oui, facile ;)) dans une atmosphère chaleureuse et des courbes sensuelles. Mariano Otero est né à Madrid en 1942. Son père, républicain, fuira l'Espagne et le Franquisme en 1947 puis sa femme et ses trois enfants (dont Mariano) le rejoindront en 1956 à Rennes. L'artiste restera marqué par l'Espagne et cette fuite et nous en retrouverons des traces fortes dans son oeuvre.
Mariano Otero sera élève à l'école des Beaux-Arts de Rennes de 1957 à 1962. A cette époque il monte avec son frère Antonio et Clotilde Vautier un atelier "l'atelier des trois" et leur première expo collective s'est tout simplement tenue dans la boutique de peinture de M.Perdriel à Rennes (c'était une boutique qui tenait lieu de galerie et qui était tournée vers les jeunes talents). A cette époque, Mariano peint des portraits à l'huile et des dessins de scènes de café notamment dans son carnet "dibujos de café" qui ne quitte jamais sa poche .
Mariano rencontre Marie-Alice en 1966 qui devient son modèle puis son épouse. On sent des influences de Modigliani notamment ou de Picasso. Une période familiale avec la naissance de leurs deux filles donnera lieu aussi à de nombreux tableaux. Sa vie de famille et sa vie de peintre sont intimement liés et un critique de l'époque le qualifiera d'ailleurs de "peintre de l'intime".
La peinture à l'huile est abandonnée au profit du pastel qu'il utilise avec une grâce incroyable et il réalisera des séries correspondant à des cycles : les baigneuses, les tangos... Son engagement politique le conduira aussi vers les affiches prônant la défense de la liberté. Son épouse dira "il s'est toujours défini comme dessinateur avant d'être peintre. Pour lui, un bon peintre est avant tout un bon dessinateur"... C'est peut-être pour ces raisons que son œuvre me touche autant ? Moi qui suis toujours plus sensible aux carnets de croquis et études préparatoires dans lesquels la sensibilité et l'émotion sont à fleur de papier... plutôt qu'aux tableaux aboutis ? Je m'interroge...
"Mariano est peintre, mais peintre au pastel (...) chez Mariano le pastel est à fleur d'épiderme, il se prête l'illusion, son palpé est émotion, il "sensualise". La remise en question est garantie dans l'immédiateté de la caresse à l'écrasement des poudres colorées. De l'instant naît la beauté vulnérable telle la vie prête à disparaître comme de la poussière de lumière. " Jean-Pierre le Bozec
Ses natures mortes... et l'œuf ! (Huevos huevos huevos...)
"Je ne comprends pas que les peintres aient peint si peu d'œufs. L'œuf est la forme parfait. IL est dans toutes les cuisines, sur le comptoir des bars, dans les paniers. Rassurant. Moi je le préfère sauvage, libre, sans coquetterie, sans coquetier, sans qu'on parle de le manger. Juste pour sa beauté, pour sa tendresse (...) Le pastel se fait doux, pour ne pas l'abimer. L'oeuf est une maternité miniature permanente (...) sans début et sans fin, l'oeuf est à la fois le début et la fin"
Mariano Otero 1996
Les tangos... souvenirs d'enfance qui sont restés gravés dans la mémoire de Mariano Otero. Ces tangos, métissages culturels nous parlent d'amour, de nostalgie, de solitude, de la jeunesse perdue et de la mort. ILs parlent aussi de politique et de justice sociale.
"Mon attirance pour le tango vient de loin. Ma mère, qui le dansait très bien dans sa jeunesse, me chantait enfant les paroles de Carlos Gardel, très populaire en Espagne. Le tango était en moi et le déclic s'est produit en novembre 94 lorsque j'ai rencontré une troupe de danse argentine dans un vieux théâtre de Madrid. Depuis je tourne autour du Tango." (M. Otero 10 août 1996)
Taureaux sous diverses formes, sans évoquer la corrida (excepté dans les portraits de toreros). C'est son regard sur l'animal, son respect et une tendresse toujours qui apparaissent derrière les pastels.
Beaucoup d'enveloppes de mail art ou art postal qui ont notamment été échangés avec sa femme ou ses filles. J'en ai intégré par thèmes au dessus... en voici quelques unes encore !
faire défiler avec les flèches
Et puis encore des affiches ou même un jeu de football illustré réalisé sur des capsules de bouteilles avant 1956...
Voici un petit aperçu de cette magnifique expo consacrée à Mariano Otero qui se tient au musée des Beaux-Arts "La Cohue" de Vannes jusqu'à la fin de l'année 2023... Autant vous dire que je vais y retourner ;)