Une année lumineuse...
C'est mon souhait en ce début d'année... Que la lumière se loge à l'intérieur de vous-même pour rejaillir vers l'extérieur...
Comme chaque année (j'en ai du moins l'impression lorsque je relis mon post de l'an dernier..), je me sens en over-dose d'images et d'écrans... Et alors, j'ai très très envie d'île, de mer, de vent (pour ça on est servis ;) ...
Je suis donc allée piocher dans des livres que j'ai lus, quelques parfums d'îles...que je vous partage !
« Il n’empêche que l’île est idéale pour quiconque a besoin de revenir à l’essentiel : échapper à la vie routinière, quitter la ville et ses atours, délaisser son véhicule et l’énervement qu’il engendre, oublier le bruit pour embarquer sur un bateau, sur un ferry ou un passeur, enfin voir l’île se dessiner sur l’horizon, la regarder grandir jusqu’au coup de sirène qui résonne dans le cœur. Le bateau accoste au port. Au bout de quelques heures disparaît toute notion de fard, de quelques jours le vocabulaire change, et de quelques semaines les chaussures bien cirées semblent étriquées, la vareuse plus facile à enfiler que la moindre jaquette, et le continent envahissant. On a goûté au temps jusqu’à savoir s’en nourrir. »
« Il est à la fois rassurant et excitant de savoir qu’il y en aura toujours une à découvrir, qui peut correspondre à ce dont on a besoin à un moment précis de son existence. »
Françoise Sylvestre « le parfum des îles »
« L'île aux frontières fermées est un miroir qui réfléchit en profondeur et amplifie les choses de la vie. »
« Le plaisir de se perdre et de ne pas savoir où l'on est constitue en France, aujourd'hui, un vrai luxe. »
Louis Brigand « Besoin d'îles »
« Les Romains ne sont pas venus ici. Pas de Romains, pas d’urbs, pas de bornes milliaires, pas de trace de ces systèmes qui réduisent la nature à des droites et à leur perpendiculaire. »
Nicolas Bouvier « journal d’Aran et d’autres lieux »
« Déchiquetée par les éléments, composée de morceaux et de pièces, l'île existait néanmoins dans sa souveraine indépendance, et il n'y avait rien de commun entre elle et cette mer qui fermait ses rivages. Elle se détachait plus nettement des eaux que de la plaine le village fortifié. Le soleil giclait sur elle, bondissait d'elle sur la mer et de la mer sur elle ; nul vallon n'enserrait le vent, qui drainait sur l'île les odeurs du large pour emporter dans sa fuite le parfum des algues et des feux ; tout alentour des récifs fraternels la protégeaient, l'annonçaient ou la prolongeaient ; elle était l'astre central d'une constellation d'îlots et de rocs, le dernier fragment, quelque peu résistant encore, d'un môle qui eût couru de la pointe du Raz vers la pleine mer, bien au-delà de Sein, sur le Namounic, le Lavanter et Armen ; néanmoins elle seule était l'île, elle seule retenait les hommes, des maisons et des familles – un village entier, que dominait une église. Elle commandait le paysage : entre elle et le continent s'étendait le raz de Sein, au-delà d'elle, vers l'occident, filait la chaussée de Sein. Longue et pleine de présences humaines, elle s'étirait sur la mer, on le savait bien, comme une oasis. Point d’arbres, cependant, point de sapins ni de chênes, de hêtres ni de rhododendrons. Aucune racine d'arbre n'eût tenu contre le vent, l'île n'était fleurie que par ses goémons, fermement collés à la pierre et, la moitié du jour, abrités sous les eaux. »
Henri Queffelec « Un recteur de l'île de Sein »